L’interview de Babs, un univers néo-graffiti qui casse les codes

L’interview de Babs, un univers néo-graffiti qui casse les codes

Babs est un artiste parisien qui découvre le graffiti à l’âge de 11 ans. Autodidacte, il est connu pour être l’un des représentants majeurs du wildstyle français. En 1986 il commence par taguer les rues de sa ville Vitry-sur-Seine et les villes aux alentours de la banlieue Sud. Il peint ses premiers murs dès le début des années 90 avec le crew 3HC. Après plusieurs années très productives dans les sous-sols de la capitale, il quitte en 2010 les métros et revient aux murs, au travail à l’air libre ainsi qu’au travail sur toile.

Tu as commencé le graffiti très jeune, comment as-tu découvert ce milieu ?

J’ai découvert le graffiti par le biais de mon cousin qui était plus âgé moi. Un jour en rentrant du collège il m’a fait découvrir cette nouvelle forme de dessin. Des mots qui n’avaient aucun sens à mes yeux (break, smurf, zulu..). Il m’a expliqué ce que c’était et m’y a initié.

Pourquoi pouvait-on te croiser sous plusieurs blazes ?

Avoir plusieurs identités… un peu comme Batman, Superman et tant d’autres super héros. Ça doit être le truc qui m’a le plus séduit dans le graffiti.

Babs

Exister tout en restant anonyme. La première raison est surtout de brouiller les pistes lorsque l’on pratique le graffiti illégal (sur métros et trains), mais aussi pour le plaisir de changer de lettres et de style.

Considéré par beaucoup comme l’un des meilleurs writers de ta génération, comment t’es-tu démarqué ?

L’un des meilleurs writers… tout est relatif. Je dirais que j’ai toujours essayé d’aller de l’avant, d’évoluer, en donnant le meilleur de moi pour que je prenne le plus de plaisir. C’est primordial, le reste n’a pas d’importance.

Comment vois-tu le vandal aujourd’hui ? Vois-tu une différence lorsque tu as commencé jusqu’à nos jours ?

Le Vandal a toujours évolué que ce soit aux niveaux des méthodes de sécurité employées pour rendre les voies de garages des trains et métros imprenables, ainsi que les produits de nettoyage. Les writers rivalisent toujours d’ingéniosité, leur détermination ainsi que leurs techniques sont en constante évolution… peindre plus vite, plus gros, avec de nouveaux outils et toujours plus de culot, s’ajoute à l’équation les réseaux sociaux qui donne une visibilité à l’international. Il y a plus de connexions, donc plus de possibilités. 

Quel a été le déclic te poussant à passer des sous-terrain de métros aux toiles et murs plein air ?

Je n’ai pas réellement eu de déclic, ça s’est fait au gré des opportunités. Je me suis essayé aux toiles parce qu’on me l’a demandé, sans réel plaisir. J’ai mis du temps à me trouver sur ce nouveau médium. Pour les murs ça a été différent. Je n’avais pas de plaisir a en peindre jusqu’à ma rencontre avec Dem189. Il a bouleversé ma façon de voir mon graffiti en me poussant à casser mes codes. 

Mon approche sur toile n’est pas celle du graffiti. Ma peinture est abstraite, instinctive sans règles ni messages, juste du plaisir et de l’émotion.

Tes toiles semblent s’inspirer du cubisme et du minimalisme, c’est important pour toi tout le bagage historique de ces mouvements ? 

Ma peinture est autodidacte, elle se nourrit de ce que j’aime. Lorsque j’ai commencé à m’intéresser à la peinture, le cubisme et le minimalisme sont les courants qui m’ont le plus influencé. 

Le graffiti et l’art urbain sont des outils d’expression et porteur de messages forts. Penses-tu que ces mouvements vont prendre davantage de place dans notre société pour interpeller les instances politiques face à la pandémie ?

Pour moi ils n’en ont absolument rien à foutre… graffiti, Street art.. rien ne me laisse penser autrement que pour eux nous ne sommes que des caches misères.. de la déco.. ou une mode.. On ne génère pas suffisamment d’argent pour que ça interpelle vraiment les politiques. Personnellement cela ne me dérange pas. Mes peintures ne revendiquent aucun message si ce n’est mon plaisir de peindre et peut être de transmettre à une personne le plaisir de regarder mon œuvre.

livre 321 revolution babs
321 Révolution par Babs — Limited Edition

La période du confinement a justement été l’occasion pour toi de travailler sur un livre que tu vas sortir prochainement. Peux-tu nous en dire plus Babs ?

J’ai mis à profit cette période pour donner naissance à un nouveau projet : 321 Révolution. Ce livre est en quelque sorte l’épilogue des trois précédents ouvrages : « Training Day, volumes 1 et 2 » et  « CBA » (Cyber Babs Art). Je vous invite cette fois au cœur de mon univers Néo-graffiti. Vous pourrez y retrouver tout ce qui le compose :  murs, sketchs, illustrations, toiles, installations, trains…  j’y décrypte mes codes, y retrace l’évolution de mon travail, la mutation de ses formes. Pour 200 privilégiés uniquement, les exemplaires sont numérotés et signés. C’est un collector qui ne sera pas réédité.   

Un dernier mot ? Tes futurs projets ?

Mon dernier mot :  Force.  Le prochain évènement où je vous donne rendez-vous se déroulera en Février. Je signerai mon nouveau livre au 75Shop (Paris).  Et bien entendu vous pourrez voir mon travail à Spraying Board 2 à Lyon très prochainement.

Merci à Babs pour ces paroles.


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