Le Projet Vénus, événement annuel, est renouvelé chaque année depuis 2009 grâce à Spacejunk, un réseau associatif de centres d’art dédié à la nouvelle création contemporaine qui possède 3 galeries, dont une à Lyon.
Ce projet aide à la prévention du cancer du sein par l’action artistique et réunit des fonds pour lutter contre ce fléau qui touche une femme sur huit en France. Le cancer du sein peut également toucher les hommes. Environ 500 cas sont diagnostiqués chaque année, ce qui représente 0,5 % des cancers masculins.
En 2017, près de 60 000 nouveaux cas ont été diagnostiqués en France. Si cette maladie est encore responsable de 12 000 décès cette même année, le taux de mortalité qui y est associé a diminué en 15 ans. Cette amélioration s’explique par un meilleur dépistage mais également par le développement de thérapies toujours plus efficaces. Actuellement, plus de 87 % des patientes sont en vie 5 ans après le diagnostic.
FRM – Fondation Recherche Médicale
Le projet Vénus se déroule en quatre étapes majeures : un photoshooting avec des femmes qui posent le buste nu, des ateliers de peinture sur photographie et des customisations par des artistes engagé-e-s, des expositions des œuvres dans divers lieux, puis une vente aux enchères. Les bénéfices sont ensuite reversés à deux associations caritatives.
Violette, à l’initiation du mouvement nous explique la genèse du projet :
Le projet Vénus est né en même temps que la création du SpaceJunk de Lyon. Le directeur – Jérôme Catz – voulait un projet qui soit en marge que du centre d’art et s’est inspiré d’un projet un peu similaire à Biarritz (Keep a Breast) dédié à l’information et la promotion du cancer du sein afin de récolter des fonds pour aider la recherche. Le projet mettait en avant des bustes de surfeuses moulés et customisés par des artistes. Nous les avons rencontrés de cette manière car ils ont fait appel à Space Junk pour customiser ces bustes par des artistes et les vendre aux enchères.
Nous avions ensuite un partenariat avec eux pour mettre en place ce projet sur Lyon, mais au fur-et-à-mesure le projet a ensuite dévié du projet original, faisant que nous n’avons plus été en contact avec eux. Leur projet était de customiser des bustes moulés et les vendre aux enchères. Alors que chez SpaceJunk il y avait le côté prévention/santé et travail et customisation des réalisations en ateliers sociaux-artistiques qui n’existaient pas du tout à la base et qui pour nous a été le moyen de faire connaître ce projet au sein des politiques publiques de la santé.
Voici comment le projet s’est mis en place et maintenant, c’est l’association Europa Donna (association militante qui informe, rassemble et soutient les femmes dans la lutte contre le cancer du sein) qui est bénéficiaire de la moitié de la vente aux enchères.
Petit zoom sur les productions de quelques résidents du Fort Superposition participants au projet :
SPIRALE

Le choix de cette photo m’est apparu évident lorsque j’ai vu les cordages autour du modèle. En effet, ils faisaient écho à une partie de mon travail basé sur les liens et le mouvement. Partant de là, j’ai voulu créer une dynamique en suivant ces cordes.
Reprenant mon univers visuel, on découvre alors un monde coloré et vivant qui contraste avec le noir et blanc de la photo.
Plusieurs éléments se distinguent comme les yeux, symbole du regard porté sur la maladie, placé en spectateur en haut à gauche ou comme protecteur devant la poitrine. Les bougies quant à elles représentent les 10 ans du projet vénus et mettent en lumière le modèle et son engagement pour poser devant le photographe.
Enfin, on retrouve les câbles, symbole de liens dans le monde à travers internet, mais aussi sociaux comme le prouve ce projet depuis 10 ans.
LOODZ

« Le processus de création est venu très intuitivement et c’est dans cette énergie que j’ai lâchée prise, sans me prendre la tête, ce qui a payé par exemple avec l’effet de pois que j’ai développé par la suite dans mes autres séries. Je trouvais la photo, le modèle et la posture magnifique. Tellement belle que je n’avais pas envie d’intervenir dessus, c’était un véritable parti pris d’intervenir seulement sur l’extérieur. Le contraste noir et blanc était très inspirant à exploiter.
La toile s’intitule Adélaïde, comme le prénom du modèle. Ambulancier pendant 5 ans, j’ai vu tellement de gens passer, m’y suis attaché et c’était une déchirure de les voir partir, de les accompagner jusqu’à la fin. C’était entre autres comme une pensée pour eux de se lancer dans ce projet, en plus de mon affection pour la galerie Spacejunk. Je ne sais pas si cette femme est malade, mais je me l’imagine comme une personne qui a réussi à s’en sortir, de par sa posture. Elle regarde vers le haut comme une survivante. Par rapport à l’idée de la maladie, elle regarde au-dessus, semble focus sur l’essentiel, vers « l’essence-ciel », elle ne s’attarde pas sur les mauvaises choses.
Presque deux mois plus tard, j’ai créé des sculptures en bois et me suis rendu compte après production qu’ils ont exactement la même posture. Pour mon propre travail, c’est un symbole de la fin d’un cycle et un renouveau, tout en gardant ce que je fais. Une nouvelle inspiration malgré les difficultés durant la réalisation, comme un tournant dans mes productions. »
ZORM

« J’ai choisi une porte qui symbolise une ouverture, qui est celle de la prévention du cancer du sein. La modèle semble être derrière cette porte, il n’y a aucun voyeurisme lié au buste de cette femme juste de la pudeur et ce « sein-ge » argenté qui nous regarde tel un miroir qui reflète le fait que nous sommes chacun concerné par le cancer du sein que ce soit notre famille ou des membres de notre entourage.
Face à la gravité qu’est le cancer du sein j’ai délibérément voulu rester dans la sobriété en laissant cette porte grise qui se confond aussi avec le gris de la photo. Ce « sein-ge » qui sourit et nous regarde ainsi que le modèle représentent ensemble l’espoir qu’est la prévention et le dépistage du cancer du sein. »
MARIE GVZ

» J’ai choisi cette photo de femme masquée, car elle me touchait, j’ai rajouté des arbres tropicaux, une peau marbrée et fleurie comme une statue sur-saturée. J’avais la vision d’une femme mystique, comme d’origine divine, que m’inspirait le masque et la posture. Sur fond de feuille de Gingko Biloba, arbre vieux de 270 millions d’années et résistant à travers les âges, à la maladie comme aux autres attaques extérieurs, s’érigeant en silhouette blanche pure et protectrice. En vieillissant, le tronc du ginkgo se couvre d’excroissance que les Japonais appellent tchitchis, ce qui signifie mamelles, seins.
J’espère avoir mis en valeur le courage, l’empowerment et la force que m’inspirait la femme sur la photo, mais aussi toutes les autres personnes de genre féminin. Étant une femme, je suis directement touchée par cette cause, tout autant que mes proches. «
SHAB

Un grand bravo à elles·eux et aux organisateurs·trices ♥
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Customisation de @parvati.artwork d’après une photo de @emmanuelle.trompille

Découvrir l’interview de Kalouf

VENTE AUX ENCHÈRES – Mercredi 18 décembre à 18h – Hôtel de Ville à Lyon
Curiosité ou coup de cœur, rendez-vous ce soir à l’Hôtel de Ville de Lyon lors de la vente aux enchères !
« L’Hôtel de Ville de Lyon vous ouvrira ses portes de 12h00 à 17h00 pour vous présenter au sein de l’Atrium les 105 toiles réalisées cette année (entrée par la place des terreaux).
Pour la 10ème édition du projet Vénus, une centaine de toiles a été réalisée à partir de photographies de femmes volontaires. Sublimées par des artistes et ateliers sociaux de la Métropole de Lyon, ces toiles offrent un regard artistique et personnel au corps de la femme, en démystifiant les tabous liés au cancer du sein. »