Depuis le début de l’aventure Superposition, Yandy Graffer fait partie des artistes résidents de l’association. Il a contribué à l’élaboration de nombreux projets qui ont marqué les esprits. On se souvient notamment de sa participation à la réalisation d’une immense fresque colorée qui a recouvert le sol du quartier Ampère à Lyon. Nous avons décidé de vous raconter les différents chapitres qui ont rythmé sa vie d’artiste. Nous débutons cette histoire avec son enfance à Lima et sa rencontre avec l’art :
Chapitre 1 : Son enfance au Pérou
L’histoire de Yandy Graffer débute à Lima au Pérou, sa ville natale. Bien que sa famille n’ait pas évolué dans le milieu artistique, c’est auprès de son grand-père qu’il commence à développer son côté créatif, à travailler avec ses mains. Ce dernier, artisan dans le bâtiment de métier, s’adonne au bricolage durant son temps libre sous l’œil admiratif de son petit-fils de 6 ans. Yandy Graffer est également très ami avec un voisin de son âge passionné de dessin. Après l’école, les deux enfants ont pour habitude de se rejoindre pour visionner des dessins animés japonais. Son ami apporte souvent son cahier de dessin pour lui montrer ces dernières illustrations très réalistes, ce qui passionne l’artiste. Véritables sources d’inspiration, ces deux protagonistes donnent à l’artiste l’envie de créer. Il commence donc à imaginer des personnages et monstres en s’inspirant des contenus qu’il regarde à la télévision. Il n’arrive cependant pas à représenter la réalité telle qu’elle est : il en offre déjà une vision revisitée plutôt surréaliste.
Ma chambre était recouverte du sol au plafond de mes dessins
Yandy Graffer
C’est à l’âge de 12 ans que l’artiste commence à s’intéresser à l’art de rue. À cette époque, les gens ont une image plutôt négative de cette pratique très fréquemment associée aux gangs de rue, qui souhaitent marquer leur territoire de façon illégale, et ce tout particulièrement à Lima. Bien qu’ils soient frileux à l’idée que leur fils s’intéresse au street-art, ses parents et sa grand-mère l’encouragent en permanence et lui achète du matériel pour qu’il puisse exprimer sa créativité. Face aux graffeurs plus expérimentés que lui, Yandy Graffer opte pour une phase d’observation et part à la découverte des nombreuses techniques de ce mouvement artistique urbain. Les murs de sa chambre deviennent rapidement des fonds de toile pour expérimenter, pratiquer et développer son univers. Chaque espace immaculé de sa chambre est tapissé de ses dessins à la gouache et à l’éponge.
2010 – Rimac Lima, Pérou 2011 – Centre de Lima, Pérou
À 15 ans, l’artiste commence à dessiner avec des sprays sur les façades de la maison voisine de son ami. L’artiste parle de cette période avec beaucoup d’émotion : son travail est enfin exposé en extérieur, à la vue de tous les passants du quartier. Ses parents n’ont qu’à regarder par la fenêtre pour admirer ses œuvres. En 2011, il crée son premier crew composé de 8 graffeurs avec lesquels les sorties nocturnes donnent naissance à des fresques visibles dès l’aube. Très vite dérangé par le caractère illégal de leurs rencontres nocturnes, l’artiste décide de quitter le groupe et de voguer vers des interventions légales telles que rhabiller les façades d’endroits abonnés ou en transition par des fresques. C’est devenu clair : il veut faire de l’art de rue son métier.
Chapitre 2 : Les Beaux-Arts, un tournant dans sa carrière artistique
Dans cette seconde partie, découvrez une période cruciale dans sa vie d’artiste : ses études aux Beaux-Arts.
À ses 18 ans et après avoir travaillé quelques temps dans son pays en tant que graphiste, Yandy Graffer fait un choix très important : celui de poursuivre ses études dans une filière artistique. Tout naturellement, ce dernier s’oriente vers l’École des Beaux Arts de Lima dont il a entendu énormément de bien. En intégrant cet établissement, ce jeune artiste a de nombreuses attentes : il souhaite notamment approfondir sa culture et ses connaissances artistiques, élargir ses horizons et faire de nouvelles rencontres. Durant cinq année, l’artiste commence par étudier les grands classiques de l’art et les œuvres d’artistes mondialement connus tels que Van Gogh ou De Vinci. Il fait de très belles rencontres et se plaît à échanger avec des étudiants aux antipodes de ce qu’il est, toujours avec cette même envie d’enrichissement et de découverte. Avec sa casquette et son “style hip-hop”, il se démarque et se sent différent des autres élèves. Quelque part, il cultive cette différence. Dès les premières semaines, l’artiste est confronté à la réalisation de dessins d’observations et est mené à faire des reproductions très réalistes, démarche qu’il n’apprécie peu.
C’est à partir de ce moment-là que j’ai commencé à créer mon univers visuel
Yandy Graffer
Comme dans toute filière, l’artiste doit choisir une spécialisation pour poursuivre ses études aux Beaux-Arts. Parmi une multitude de choix entre la peinture, la poterie et bien d’autres techniques artistiques, Yandy Graffer est alors intrigué par la gravure qu’il ne connaît que de nom. Dans cette spécialité, il s’essaye donc à plusieurs procédés tels que la sérigraphie ou encore l’estampe japonaise. Il s’agit avant tout pour lui d’une période d’expérimentation et d’introspection dans laquelle il cherche à savoir si la gravure et ses spécificités pourront s’intégrer dans ses futures créations. Le déclic s’est alors très rapidement produit. La gravure est apparue comme une révélation pour l’artiste lui ouvrant une créativité et une part d’imagination sans limite. Il aime jouer avec les détails et s’amuse avec les traits propres à cette technique. L’appropriation de cette technique artistique dans ses dessins aux allures street-art s’impose à lui comme une évidence : l’univers coloré de Yandy Graffer est né.
Chapitre 3 : Ses débuts en France
Yandy Graffer arrive en France en 2017 pour des raisons professionnelles et personnelles. Du côté professionnel, il souhaite se confronter au marché du street art français qui lui semble aux antipodes de ce qu’il a connu au Pérou et qui l’attire de ce fait énormément. En Amérique latine, il s’agit selon lui d’un mélange de plusieurs techniques où le muralisme est prédominant, ce qui n’est pas forcément le cas en France. À son arrivée, l’artiste est d’ailleurs très vite dérouté par le matériel qu’utilisent principalement les street artistes français : ces derniers réalisent leurs œuvres principalement à la spray aérosol. De son côté, Yandy Graffer a été habitué et continue à utiliser la peinture acrylique et le rouleau avec une perche pour les zones plus difficiles d’accès. Il conserve le côté un peu plus roots propre à son pays et n’utilise donc pas immédiatement les escabeaux ou échafaudages contrairement à grand nombre de français, souvent très équipés. Pour lui créer des œuvres est un véritable challenge. Il est également confronté à un problème de taille : la barrière de la langue qu’il apprend néanmoins très vite à maîtriser.

Etabli à Lyon, il fait très rapidement connaissance avec la team Superposition, rencontre qu’il évoque avec beaucoup d’émotions. Cette résidence lui permet de faire rapidement de belles rencontres artistiques et de signer de nombreux projets dans la région lyonnaise : un véritable tremplin pour lui. Dans un même temps, il multiplie les collaborations créatives avec d’autres collectifs lyonnais tels que la Taverne Guttenberg ou Les Halles du Faubourg, dont il garde également des souvenirs très positifs. Au fil des mois et des années, Yandy Graffer commence à se faire un nom et gagne en visibilité grâce à la puissance, l’originalité et la créativité sans limite de son univers coloré.
Aujourd’hui, l’artiste multiplie les projets sur la scène lyonnaise mais s’exporte également à la capitale où il propose régulièrement des cycles d’exposition et répond à divers appels à projet. Yandy Graffer travaille désormais avec une agent en charge de ses projets ainsi que de sa communication. Cela permet à l’artiste de concentrer tout son temps à la création pure. Dernièrement, il développe également son appétence pour la sculpture et intègre des objets du quotidien à ses propositions : des rétroviseurs de voiture peuvent par exemple dessiner le corps de ses poissons.
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