Miette et Bouda, tout ce qu’il faut savoir sur leur exposition à Lyon

Miette et Bouda, tout ce qu’il faut savoir sur leur exposition à Lyon

« Une des plus belles choses qui pourraient se passer dans nos vies artistiques mais aussi personnelles » : tout ce qu’il faut savoir sur le duo-show de Bouda et Miette, l’exposition « Lorsque j’ai rencontré l’ennui ».

Le 3 septembre, le Fort Superposition accueillera le duo-show de deux artistes extrêmement talentueuses, Bouda et Miette. Bouda, née en 1994 à Ho Chi Minh Ville, est peintre et illustratrice travaillant entre Paris et Lyon. Son style spontané est reconnaissable à son expressivité particulière, ses contours affirmés, et la retranscription franche et honnête des émotions, due à ses inspirations, souvent puisés dans la bande dessinée et l’illustration jeunesse. Quant à Miette, cette jeune peintre nous plonge dans une multitude d’ambiances mélancoliques teintées d’une douceur apaisante. Ses personnages aux visages cernés rappellent bien les photos de Diane Arbus et les films de Tim Burton immergeant le public dans une ambiance étrangement attirante.

Plus qu’une simple collaboration productive, la fusion de Bouda et Miette permet la création de dessins spontanés mais en même temps poétiques et refléchis. Ce duo-show est donc le fruit de la rencontre de deux démarches artistiques bien différentes qui se réuniront pour offrir une expérience originale aux visiteurs. Pour vous donner une idée de ce à quoi va ressembler ce mélange créatif inattendu, les deux artistes ont répondu à quelques questions sur leur exposition imminente :

Duo-show organisé en collaboration et avec le précieux soutient du Géant des Beaux-Arts.

Comment chacune d’entre vous peut décrire son univers artistique ?

Miette : La peinture sur toile est un medium par lequel j’arrive à jouer avec couleurs et lumières. Grâce à cette technique, je crée des personnages fictifs dans des décors réalistes. Et par ces représentations surréalistes, je réussis à montrer les émotions paradoxales comme la jolie tristesse ou la peur élégante, par exemple. Je pense que tout n’est pas manichéen chez l’humain. Alors, pour méditer sur ces différentes sensations, il faut toujours douter.

Bouda : Depuis que je suis toute petite, je lis beaucoup de bandes dessinées, je regarde beaucoup de dessins animés. Je suis inspirée par cet univers flash avec des contours précis, des personnages toujours en mouvement et aux émotions exacerbées. J’ai donc commencé à faire mes illustrations en noir et blanc sur papier et sur toile. La couleur est apparue suite à ma rencontre avec l’artiste Caroline Derveaux. On a peint dans la rue ensemble, ce qui m’a permis d’intégrer petit à petit la couleur dans mon travail.

Maintenant, grâce à notre rencontre avec Miette et à notre résidence au Fort Superposition, je vais dans des terrains où je n’ai jamais été, j’expérimente beaucoup, en faisant des camaïeux et des aquarelles, par exemple. Je vois mon dessin évoluer avec moi, devenir plus personnel.

Miette et Bouda travaillant dans leur atelier, pour préparer leur exposition à Lyon.
Le bînome en action © Lionel Rault

C’est la première fois que vous travaillez à deux. Était-ce difficile de s’organiser ensemble pour la préparation du duo-show ?

Miette : On se connaît bien, on vit et on travaille ensemble. On est deux personnalités qui se complètent et, finalement, on a deux styles artistiques qui se complètent beaucoup aussi. Même s’ils sont bien différents, ils se mettent en valeur. Les contours de Bouda mettent en lumière le côté franc tandis que mes couleurs et mes dégradés renvoient à la douceur.

Bouda : Il y a une balance qui se fait quand on travaille ensemble. On s’est adapté instinctivement mais il nous a fallu un peu de temps. Si on regarde nos premiers travaux communs, on voit qu’ils sont un peu « timides » car chacune d’entre nous avait peur de marcher sur le territoire de l’autre. Finalement, même s’il y a eu des moments de doute et de panique, on a bien réussi à fusionner nos univers. Pour moi, c’est comme une nouvelle rencontre de l’autre. Un bel exercice créatif mais aussi une belle surprise personnelle : On peut partager sa vie avec quelqu’un, en pouvant aussi s’y associer artistiquement. Ça n’arrive pas souvent.

Miette : Grâce à cette exposition, on s’est tirées mutuellement vers le haut dans tous les sens du terme. On a appris à mieux s’organiser et se faire confiance mais aussi on a expérimenté nos inspirations et nos techniques. Une des plus belles choses qui pourraient se passer dans nos vies artistiques mais aussi personnelles.

Quelle est l’idée principale derrière votre exposition ?

Bouda : Notre exposition représente une rencontre de deux personnages dans un décor entre réalité et fiction. Donc, c’est un univers artistique qu’on a créé de toute pièce mais qu’on a fait vivre dans notre appartement. L’idée est de rentrer dans la salle d’exposition comme si on entrait dans notre logement, en y ajoutant des touches d’imaginaires.

Miette : Notre point commun: Rester des enfants en étant adulte. On voulait raconter notre rencontre personnelle et artistique à notre manière. Alors, ce sera une exposition intime et sincère à travers une sorte d’album jeunesse.

Bouda : Chaque toile qu’on a fait pour ce duo-show est une case de livre ou de bande dessinée qui trace un de nos souvenirs mais qui peut également rappeler quelque chose de personnel à un spectateur. Il n’y a pas d’émotion dominante sur nos toiles, il y a des ressentis très différents, parfois paradoxaux. Les visiteurs sont donc libres de ressentir ce qu’ils ont envie de ressentir. Alors, chaque case construit non seulement notre histoire mais permet aussi de faire construire au public leurs propres récits.

Miette : L’idée est de montrer notre vision enfantine d’une expérience et en même temps d’initier les gens à user de leur imaginaire. À faire un retour en arrière sur leur enfance, prendre du recul sur leur vie.

Bouda et Miette, portrait d'elles devant leurs toiles respectives avant l'exposition
Portrait de Bouda (gauche) et Miette (droite) – © Lionel Rault

Le duo-show va avoir lieu au Fort Superposition. Comment chacune d’entre vous a-t-elle fait connaissance avec l’association Superposition ?

Bouda : Pour moi, tout a commencé avec le projet Métamorphes en 2019. Ayant fait l’identité graphique du festival et une résidence d’une semaine à la galerie SITIO, j’ai rencontré plein d’artistes car c’était un projet collectif autour de l’art urbain et de la femme. J’ai adoré les gens avec qui j’ai passé cette semaine dans le cadre de Métamorphes. Cherchant un atelier à louer, j’ai donc décidé de m’installer à Lyon. Juste après, Superposition m’a proposé de participer au festival Urban Art Jungle à la friche l’Autre Soie où j’ai travaillé sur une énorme fresque murale et où j’ai appris qu’il y aurait un lieu où l’association allait s’installer avec des artistes résidents. Je suis rentrée à Paris pour réfléchir un peu et j’ai pris la décision de me lancer dans cette aventure au Fort Superposition.

Miette : C’est grâce à Bouda que je me suis liée à l’association. Je l’ai rencontré au vernissage du festival Métamorphes et j’ai commencé à venir régulièrement dans son atelier. Après, on a emménagé ensemble dans un espace plus grand qu’on partage toujours au Fort Superposition.

Si vous pouviez garder un seul objet de votre appartement actuel, qu’est-ce que serait-ce ?

Bouda : Je garderais mon chapeau rouge ! Je porte toujours des chapeaux parce que je me sens un peu mal à l’aise quand je n’ai rien sur ma tête. Je me sens ainsi plus en sécurité, les chapeaux sont des porte-bonheurs pour moi ! 

Miette : Je pense que je garderais mon bouquin d’enfance qui s’appelle Billie la Boule d’Hélène Mandon. Disons que c’est le souvenir de mon enfance et la source de mes inspirations !

Merci à elles et rendez-vous pour le vernissage le 03 septembre 2020, le duo-show  » Lorsque j’ai rencontré l’ennui« .

La street artiste Bouda qui dessine sur une toile pour son exposition.
Bouda en action – © Lionel Rault

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