Rencontre avec POLKA, artiste locale au rayonnement international

Rencontre avec POLKA, artiste locale au rayonnement international

Ces trois dernières années Marion Chéné, alias POLKA, sera passée des bancs de la fac à une résidence en Chine, des marchés de créateurs à l’Art Fair de Hong Kong ; un véritable voyage plastique, de l’art numérique déposé sur ses premiers prints et tote bags, aux collages, aux toiles à l’encre de Chine et à l’acrylique. On la retrouve comme apaisée, installée aux abords de la place Sathonay sur la terrasse du « Comme À La Maison », entrain de peindre au-devant des passants.
Son exposition Homopolkatus est accrochée sur les épaisses pierres beiges de ce bar plein de charisme : le « CALM » et POLKA se répondent et s’opposent, le premier proposant une atmosphère et des produits locaux, quand la seconde a probablement encore la tête à Shenzhen.
C’est donc au détour d’un thé glacé sous le soleil lyonnais que Marion Chéné se lance, dans son récit, celui de ses petits monstres et de ses vastes mondes.

À en croire la terminologie du moment, tu es une artiste émergente… Alors, comment a émergé Polka ?
Quand j’ai commencé à dessiner, il y a trois ans à peu près, j’avais une espèce d’obsession pour les points, les pois… À la manière du « Polka Dot », ce qui consiste à répéter ces points à un rythme irrégulier. Mes points sont désordonnés, un peu comme moi, et le polka est resté, devenant ma signature car à l’époque et encore aujourd’hui, je n’avais pas spécialement envie de signer mes créations par mon véritable nom.

Et quels sont les événements, les projets les plus importants qui t’ont amenée à exposer ici, aujourd’hui ?
En parallèle de mes études je créais principalement sur support numérique, j’imprimais sur papier ou sur des textiles que j’allais présenter dans des salons de créateurs… Mais c’est en 2017 que j’ai pu réellement montrer mon travail, à l’occasion d’une exposition au Mob Hotel. Ensuite, ça s’est enchaîné jusqu’à cette résidence à Shenzhen au début de l’année. Cela n’a durée qu’un mois et pourtant j’y ai énormément appris : portée par les autres artistes, j’ai réalisé mes premiers collages, mes premières toiles et surtout mes premiers murs, dans la rue, emportée par les discussions avec les plus curieux. J’ai encore un peu de mal à réaliser que tout cela s’est produit, d’accepter d’avoir cette légitimité… Aujourd’hui je montre ma première exposition personnelle ici à Lyon, chez moi, mais mes œuvres réalisées là-bas vont parcourir la Chine pendant dix-huit mois !

À Hong-Kong tu exposes effectivement aux côtés de ADOR et JACE, loin d’être des inconnus en France, mais ta légitimité à exposer en Asie n’est-elle pas simplement dans ton art ? On reconnaît un style très proche du graffiti japonais et donc du manga.
On me le dit souvent ! Pourtant ça n’est ni une volonté, ni l’une de mes inspirations initiales… C’est ce qui ressort de moi quand je crée. Généralement, partant tout de même de quelques croquis, je travaille à l’intuition avec une idée assez floue de ce que je veux créer, voir aucune idée de ce qui va naître. La seule récurrence aujourd’hui est dans les matériaux, les collages que je mêle à l’acrylique et l’encre de Chine dans la composition des toiles. Un mélange qui donne parfois une atmosphère assez sombre, étrange, qui intrigue mais également un peu enfantine, avec les couleurs apparues depuis peu dans mes œuvres.

Parlant de tes oeuvres, peux-tu nous raconter cette exposition, Homopolkatus ?
Ce nom d’exposition est lié au concept d’origine, un peu comme si j’avais imaginé une nouvelle espèce. Pour cette première exposition solo, j’avais envie de présenter mes personnages, mes mondes. Ils sont fictifs, bien sûr ; souvent le public voit des animaux, mais pour moi c’est un peu plus complexe : ils ont un langage qui leur est propre, qui passe par ces points et ces symboles mystérieux. Il y avait d’abord des portraits, puis maintenant des paysages dans lesquels je les insère ; des villes ou des contextes qui interagissent par la force de l’imagination.

Pour toi l’histoire de tes oeuvres est écrite, précisée et doit-être entendue telle quelle ?
Bien au contraire ! Connaître les mondes que s’imagine le « regardeur » face à mes créations, c’est la finalité, l’objectif de ce pour quoi je crée. L’interprétation est ouverte, comme lorsque tu vois un Roi fou là où d’autres ont vu une girafe ! C’est pour ça que malgré l’aspect figuratif de mon travail, il y a une part d’abstraction, de mystère, pour laisser la porte ouverte à l’appropriation. Le seul indice réside dans le titre de chaque création, bien que je ne le décide pas en amont. C’est généralement un mot ou une courte phrase qui me vient en tête une fois l’oeuvre terminée.

Que peut-on te souhaiter pour l’avenir ?
Ça commence dès aujourd’hui avec la recherche de nouveaux projets, ici et ailleurs ! Que ce soient des expositions, des collaborations, des idées farfelues et créations intimistes et éphémères, ou des accrochages pour des galeries et musées… Trouver de nouvelles résidences est l’un de mes objectifs principaux, ces temps d’apprentissage où l’on expérimente, on crée, on explore de nouveaux mondes pour appliquer sur la toile ou les murs, et grandir en gardant la même exigence.

Alors c’est tout ce que l’on te souhaite, en se donnant rendez-vous à ton finissage à l’occasion du premier anniversaire du CALM Sathonay, le 27 juillet !

L’exposition Homopolkatus est à découvrir au Comme à la Maison – « CALM » : 3 rue Louis Vitet, 69001 Lyon // Finissage le 27 juillet à partir de 19 heures

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Crédit photo © Nicolas Coutable

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